Rencontre avec Jacqueline Caux, réalisatrice

"Elle tutoie autant Jeff Mils que Detroit"
DÉTROIT, LA MOTOR CITY BERCEAU DE LA TECHNO
Cinéaste et écrivaine, Jacqueline Caux entretient un lien spécial avec Détroit. La Motor City semble être son laboratoire social. Depuis près de 30 ans, elle est à l’affût des signaux contre-culturels portés par la musique électronique et par les mutations sociales de la ville. Après Cycles of the mental machine en 1995, qui résonne comme une découverte par le grand public pour cet art encore méconnu et Man from Tomorrow en 2014, qui dresse le portrait de Jeff Mills, l’un des pères fondateurs de la Techno, elle tourne en 2016 son troisième opus, Never Stop. Ce qu’elle considère comme une suite du premier, c’est un pont entre l’avant et l’après. Une progression voire une maturité de cette musique, jouée avec des machines, qui s’est imposée au fil du temps, racontée par leurs pionniers. De la contre-culture à la démocratisation, des labels indés face à la montée des Majors. Enfin, c’est aussi l’histoire d’une condition humaine, celle de faire de la musique pour ne pas sombrer dans la misère sociale. Celle d’une échappatoire pour de nombreux artistes.
La femme aux multiples casquettes
Jacqueline Caux a une formation de psychanalyste. Cinéaste et écrivain, elle a publié des livres d’entretien. Associée à l’organisation de plusieurs festivals de musique d’aujourd’hui, elle a réalisé des émissions de recherche pour France Culture, de petits théâtres intimes sous formes de boîtes, des films musicaux.
Nerver Stop, une musique qui résiste
Le titre, elle l’a trouvé par hasard dans une ruelle où était tagué « Never Stop ». Ce fut le déclic. Never Stop, “Une musique qui résiste” aux majors donc, mais aussi aux pressions sociales, à la désindustrialisation et qui résiste grâce au caractère de nos artistes façonnés par une ville instable et perturbée. Notre chroniqueur a tenté de comprendre cet amour que porte la cinéaste pour Détroit et son histoire à l’occasion du Festival Dernier Cri.
les auteurs
Interview d’Adrien Reyne
Réalisation de Cristobal Desconnets